Le scandale des élections de 1948
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L'année précédente, au mois de septembre 1947, la loi sur le statut de l'Algérie a été promulguée. Le statut de 1947, comme on l'appellera toujours, doit donc être appliqué. S'il n'est pas révolutionnaire ce statut peut apporter une détente considérable dans les rapports qui se tendent de plus en plus entre les Européens et une fraction du peuple musulman. Fraction relativement peu importante mais organisée, décidée.
L'Algérie reste composée de trois départements français. Un gouverneur général nommé par Paris représente le pouvoir central. Une Assemblée algérienne sera constituée de 60 représentants du premier collège et 60 représentants du second collège. En outre, l'article 2 précise : « L'égalité effective est proclamée entre tous les citoyens français. » Enfin, le statut prévoit la suppression des communes mixtes, c'est-à-dire celles qui sont à majorité musulmane mais dirigées par un administrateur nommé par le Gouvernement général.
C'est la panique chez les dirigeants européens qui parviennent à faire dépendre cet article d’un vote à l'Assemblée algérienne. Il suffit donc que la majorité de cette Assemblée soit dévouée à certains groupes européens pour que le tour soit joué et que le statut ne soit jamais appliqué. Ce jour d'élection pour l'Assemblée algérienne en 1948 va marquer une victoire d'importance pour la Grande Colonisation mais aussi, sans qu'elle s'en doute, l'humiliation fera  plonger dans l'action révolutionnaire des hommes qui au fond de soi espéraient toujours un règlement pacifique.
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Les 4 et 11 avril 1948, c'est le grand jeu. Rien n'a été négligé. Les chars, les avions en rase-mottes au-dessus des douars réputés durs. Près de Djelfa, c'est le commissaire de police qui  tient le bureau de vote. Dans des villes importantes comme Blida, Orléansville, Cherchell, ce sont des urnes déjà pleines que l'on apporte au matin du 4 avril ! A Dechmya, on va employer la force. La population ne veut pas voter. Les gardes mobiles entrent en action. En vain. Cela tourne à l'échauffourée, les gendarmes tirent. 8 morts musulmans. A Michelet on a été plus habile on n'a pas convoqué les électeurs ! Ce qui, bien sûr, à l'heure du dépouillement, n'empêche pas de trouver le nombre exact de votants. Dans le bon sens ! Le truquage est si mal fait, ou plutôt fait avec tant de mépris, que certains bons camarades sont élus avec 98, 99, 100 et parfois 102 % des voix ! Les caïds ont si bien fait voter leurs populations que cela soulève même l'indignation de parlementaires métropolitains.
Et pour faire bon poids, pour ne négliger aucun atout, on a arrêté, le matin du vote, 36 des 59 candidats M.T.L.D. ! Prison et amendes les frappent. Le 12 avril au matin, dix ou onze députés M.T.L.D. sont élus. Ils ne seront plus que cinq ou six lors de la première séance de l'Assemblée algérienne !

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Il faut choisir son camp, crient les repus de haine. Ah je l'ai choisi ! J'ai choisi l'Algérie de la justice, où les français et les arabes s'associeront librement.

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